Crater Rim Drive : à la découverte du Parc des Volcans d’Hawaii

Le planning est précis, la journée est consacrée à la découverte du Parc National des Volcans d’Hawai’i, en parcourant la route construite à cet effet : Crater Rim Drive. Littéralement la « route du bord du cratère ». Tout un programme

Les machines de la laverie automatique
Les machines à laver et les sèche-linges des laveries automatiques sont énormes : on pourrait y loger tout le linge d’une maison !

Oui mais voilà, ce matin le ciel est gris, nous sommes dans les nuages, il fait 16°C, il tombe quelques gouttes. Pas grand-chose à voir selon toute vraisemblance. Alors changement de programme : comme nous sommes rentrés tard, en sueur et affamés hier soir, après notre rencontre avec la lave, nous consacrons la matinée à deux choses essentielles : un bon petit déjeuner à l’américaine et une séance à la laverie automatique du village. Pas chère, nous y reviendrons probablement dans quelques jours, ne serait-ce que pour faire sécher notre linge…

L’après-midi est donc notre première visite dans ce parc que nous avons espéré depuis des mois, des années… Le pass « trois parcs – annuel » que j’ai acheté sur l’Haleakalā National Park Hawai’i à Maui nous permet de rentre sans payer à nouveau. Il suffit juste de montrer une pièce d’identité pour attester que le « Hawai’i tripark annual pass » est bien celui de la personne qui entre. Logique. C’est un détail, mais il a coûté 30$ au lieu des 25$ requis pour aller au sommet de l’Haleakalā, mais permet ainsi d’éviter les 25$ supplémentaires donnant droit à 7 jours d’accès au parc de Big Island. Décidément, ces américains ont tout compris du tourisme et du commerce !

Une vue d'ensemble de l'enclos du Kilauea
Une vue d’ensemble de la caldeira et du cratère fumant. Si loin et si près à la fois !
Carte d'ensemble du parc des volcans d'Hawaii
Carte générale du parc
Carte détaillée du sommet du parc des volcans d'Hawaii
Carte détaillée du sommet

Malgré la grisaille ambiante nous faisons de nombreux petits arrêts, un peu partout. Et tout d’abord, nous allons rendre visite au cratère principal du Kilauea, le Haleama’Uma’U. Du parvis d’observation il semble petit, et loin. Nous n’en sommes qu’à trois kilomètres. C’est bien peu, quand on y songe. Le cratère se trouve au fond d’une immense caldeira de 5km par 3, et profonde de plus de 160m, aux flancs abrupts. Il fume, et sa fumée blanche, parfois teintée de marron, tranche par rapport aux nuages gris. Aux jumelles on distingue des lueurs orange. Au téléobjectif on arrive, avec un peu de mal, à prendre quelques clichés mémorables. Le lac de lave qui se trouve au fond du cratère est assez haut, aujourd’hui, pour que l’on puisse apercevoir le bouillonnement de la lave. Ici, pas d’explosion, pas de coulées, juste une sorte de grosse soupape qui régule le volcanisme de la zone. Les écoulements sont sur le Puʻu Ōʻō,, à quelques kilomètres de là…

Le fond de la caldeira est de toute évidence tapissé de coulées de laves, caractéristiques. Le fond est relativement horizontal, mais fissuré, craquelé de partout. On dirait la surface d’un gigantesque gâteau un peu trop cuit ! De place en place on peut observer quelques arbres qui se sont installés ici, quelques plantes intrépides, mais aussi quelques instruments de mesure : le volcan est sous étroite surveillance !

Un peu plus loin sur la route, au bout de la route actuelle en fait, nous visitons le musée Jaggar. Toutes les explications sur la volcanologie en général et celle de Hawai’i en particulier y sont données. C’est illustré, précis tout en étant accessible au plus grand nombre : encore une fois c’est fait à l’américaine. Du parvis du musée on a le meilleur point de vue sur le cratère et son lac de lave : il n’est pas rare que les gens y viennent à toute heure du jour et de la nuit, c’est ouvert en permanence.

Je reviens sur la route, la « Crater Rim Drive ». Historiquement elle faisait le tour complet du cratère, constituant ainsi une grand boucle parsemée de parkings, donnant accès à de nombreuses randonnées, y compris au fond de la caldeira. Il y a quelques années déjà une éruption et ses coulées de lave a trouvé bon de couper la route. Bon, en soi ce n’est pas très grave, les touristes passent généralement ici quelques jours, et on a grandement le temps de faire le tour. Même à pied. Oui mais voilà, il y a peu le bureau de surveillance géologique a mesuré des concentrations de gaz sulfuré importante dans les fumées du volcan. Poussées par les vents dominants ces gaz, toxiques, recouvrent actuellement assez souvent une large partie de la caldeira et de la zone plus au sud-ouest. Décision a donc été prise de fermer cette partie du parc : les accès y sont interdits, tant par la route qu’à pied. Au printemps un groupe de 13 français et leur accompagnateur spécialisé s’est fait intercepter dans la caldeira, violant ainsi la règle de sécurité en vigueur. 100$ d’amende chacun, l’accompagnateur risquant 5000$ d’amende et des poursuites sérieuses…

Mais revenons à notre tour de ce qui reste de Crater Rim Drive. Par endroit, de façon surprenante, nous trouvons des fleurs, des fruits, posés sur le sol ou sur des pierres. Ce sont des offrandes à Pélé, la déesse des volcans. Aussi surprenant que ça puisse paraître aujourd’hui, sur des îles dont chaque village comporte plusieurs églises de confessions différentes, que la mythologie hawaienne soit toujours en vigueur. Mais il faut aussi bien prendre conscience que ces volcans actifs ont largement de quoi entretenir ces mythes, bien plus consistants par leur présence constante que les récits bibliques de nos propres croyances…

Le long de la route nous remarquons une curiosité : des branches de certains ʻohiʻa pendent des sortes de grappes de brindilles rouges ou brunes. Ce sont des racines aériennes : ici l’air est tellement chargé d’humidité, alors que le sol est souvent totalement perméable, que les arbres se sont adaptés pour boire directement dans l’air !

Nous allons jeter un œil sur le cratère du Kilauea Iki : deux parkings, un au nord et l’autre au sud, permettent d’avoir un point de vue complet sur ce cratère récent. Il y a une belle randonnée à y faire, ce sera pour plus tard. Ce sera l’occasion d’aller marcher sur le fond d’un lac de lave…

En chemin, sur le parking sud, près du Pu’u Pua’i overlook sur le Kilauea Iki, nous croisons nos premières nēnēs, l’oiseau emblématique de l’archipel. C’est une petite bernache, endémique de l’archipel (elle ne vit que là), pas farouche, protégée.

Au retour d’une balade sur Devastation Trail (pour mémoire, « trail », c’est une piste, un chemin de randonnée), où l’on prend bien la mesure de ce qu’est la destruction apportée par un volcan, nous croisons un groupe de personnes habillés étrangement, en pleine cérémonie. C’est un groupe de taoïstes venus de Taiwan pour apporter leurs bénédictions en plusieurs lieux des États-Unis, à commencer par Hawai’i. Leur but est de conforter la paix dans le monde…

Comme tout le monde, nous faisons un arrêt aux « Thurston lava tubes », d’anciens tunnels de lave qui ont été aménagés pour les visites. Une longue portion n’est pas équipée de lumière, et jusqu’à peu on pouvait y aller (à nos risques et périls), mais l’accès en est aujourd’hui fermé. Ici, la nature est belle, sauvage, verte, humide. Les orchidées nous entourent, les fougères arborescentes sont omniprésentes. Et peu à peu le ciel s’éclaircit…

Finalement nous retournons au musée Jaggar, qui n’est qu’à 1,5 km du cratère actif, pour regarder encore une fois le bouillonnement de la lave, parmi de nombreux touristes. Ce mélange entre civilisation (le parking, les touristes, les selfies hâtifs pris avec un Smartphone inadapté, les cris des enfants, les groupes d’asiatiques en rangs serrés, les touristes montés pour la journée, partis en petit short et T-shirt du bord de mer où il fait 30°C, et arrivent ici dans le froid et la grisaille) et la nature brute, primaire, est édifiant.

Le bouillonnement du lac de lave : on pourrait presque en sentir la chaleur…

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À méditer…

Voir le monde de ses yeux est mille fois mieux que n’importe quel rêve.

Ray Bradbury