En route pour Hana !

Quand on vient passer quelques temps à Maui, il est une chose que l’on ne peut éviter : prendre la route pour Hana. Hāna, c’est cette petite ville, ce gros village, situé tout à l’est de l’île. Oh, elle n’est pas très loin, Maui n’est pas si grande que ça. Mais la route pour y aller est un peu particulière. Plus de 600 virages, plus de 50 ponts dont la plupart sont à une seule voie. Tout ça sur à peine 110 km. Il faut compter trois bonnes heures pour la parcourir, car la vitesse y est réduite, comme on peut l’imaginer. Et cette route est en soi l’intérêt de ce déplacement, bien plus qu’Hāna elle-même, qui ne présente que peu d’intérêt en définitive.

Il y a deux façons de « faire la route pour Hana » : partir très tôt pour devancer le flot de véhicules qui l’emprunte chaque jour. Plus de 1000 voitures selon la saison, essentiellement de location, se suivent ainsi en convoi, s’arrêtant toutes aux mêmes endroits, arrivant à Hāna peu après midi et faisant demi-tour pour rentrer dans la journée. Partir avant permet d’éviter la foule et les parkings pleins. Mais rend le retour difficile, car à contretemps… L’alternative est de partir plus tard, en seconde moitié de matinée, de consacrer toute la journée pour faire la route, et de passer la nuit à Hāna. C’est ce que nous avons fait. Nous avons même choisi de rentrer par le sud, par la « route interdite », pour éviter les innombrables touristes de l’aller !
Un autre avantage à faire la route avec un décalage de quelques heures, c’est pour le franchissement des nombreux ponts à une seule voie. Le principe est simple : premier arrivé, premier passé. Quand on n’est que deux, c’est assez facile, même si le fait de constater que l’autre voiture vous laisse passer alors même que vous pensiez être arrivé en second est impensable en France, mais tout à fait ordinaire ici. Le plus étonnant c’est quand il y a plusieurs véhicules, dans les deux sens. Ici, le passage se fait en alternance, une seule voiture à la fois dans chaque sens. C’est un peu long, mais plein de courtoisie et de bon sens.

Avant de partir j’ai téléchargé une petite application que m’avait conseillée Christopher, notre hôte Airbnb à Oahu. Elle nous géolocalise en permanence et nous délivre de nombreux commentaires sur les points intéressants que nous rencontrons en chemin. C’est très bien fait, plein de bons conseils, et dans un anglais (enfin, un américain) que j’arrive à comprendre pour l’essentiel : il ne reste qu’à traduire à Béa, du mieux que je le peux. A conseiller vivement !

C’est donc à 10h30 passées que nous entreprenons ce nouveau voyage initiatique. Et notre premier arrêt se fera peu après le départ, près du bord de mer, à Ho’okipa, à regarder les nombreux surfeurs, novices ou expérimentés, se laisser glisser avec adresse sur de belles grosses vagues au rythme régulier. Nous allons rester près d’une demi-heure ici, car même si le temps est gris et couvert, il fait bon regarder ce spectacle peu commun pour nous.

La suite sera une infinie succession de virages, de ponts, de commentaires sur une route où, en définitive, nous ferons peu d’arrêts. Un arboretum par-ci, une petite chute d’eau par-là, une vieille église, un repas de midi pris à 16h30 dans un petit établissement au bord de la route…

La route pour Hāna parcoure la côte nord-est de Maui. C’est la côte au vent, qui reçoit les alizés chargés d’humidité. En passant par-dessus l’île, les alizés laissent cette humidité, faisant de cette côte (comme toutes les côtes au vent de toutes les îles tropicales) une côte verdoyante et riche. Quand on découvre un tel endroit, on ne peut qu’être surpris et émerveillé de cette exubérance, de ce vert omniprésent, de ces cascades à chaque virage ou presque. On traverse une forêt pluviale. Oui mais il ne faut jamais oublier qu’une forêt pluviale doit son nom au fait qu’il y pleut souvent. Très souvent même. Alors le voyageur qui fait la route pour Hāna au soleil doit s’estimer heureux. Mais celui qui la fait par temps couvert, voire pluvieux, découvre la véritable nature de cet endroit : c’est lui qui a de la chance !

Nous arriverons peu avant la nuit (qui tombe ici vers 18h15, rappelons-le). Nous logeons dans un petit appartement Airbnb. On sent qu’il reçoit peu de monde, l’entretien laisse à désirer, mais c’est la route qui compte, pas la destination, non ?

Alors, en guise de conclusion, je peux confirmer que quiconque vient à Maui pour quelques jours se doit de faire la “road to Hana“, sur un ou deux jours. Un audio-guide sur le smartphone ou un road-book bien préparé (tous les sites Internet et tous les guides papier donnent les mêmes points d’arrêts, grosso-modo) permettent de rouler moins idiot. Et finalement c’est bien parcourir la route plus que ses arrêts ou sa destination qui fait tout son intérêt. Certains appellent cette route la “route des divorces”, en raison des 620 virages, qui peuvent indisposer passager comme conducteur, mais aussi des nombreux arrêts, où le risque de tension pour faire (ou ne pas faire) tel ou tel choix pour respecter un horaire défini est grand. Ainsi, prévoir une nuit à Hana semble être un bon choix.

Pour ce qui est du retour, la route n’a pas le même aspect dans l’autre sens, et on peut faire au retour des stops qu’on n’aurait pas retenus à l’aller. C’est avantageux car il y a peu de circulation dans le sens du retour : la plupart des touristes sont rentrés la veille au soir. Cependant, pour les plus aventureux, je ne saurais trop conseiller un retour par le sud du volcan. C’est très accessible à tout véhicule, pour peu que l’on soit prudent au volant : la partie chaotique, étroite, risquée et non goudronnée ne dure finalement pas si longtemps que ça… Et puis c’est le meilleur moyen de découvrir la différence entre la côte au vent, luxuriante, et la côte sous le vent, sèche et aride. Et qui plus est ici, constituée par la zone d’écoulement des éruptions de l’Haleakala. A vivre, absolument !

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À méditer…

Un voyage de 1 000 km commence toujours par un pas

Lao Tseu