Kullorsuaq, dans la baie de Melleville

15 août 2017

L’escale du jour est tout à fait spéciale pour Ponant et pour beaucoup de passagers. Kullorsuaq est le lieu de résidence de Nicolas Dubreuil, figure emblématique des mondes polaires et chef d’expédition chez Ponant depuis des années. Sur le Boréal, tout le monde en a entendu parler, même nous. Mais une grande partie des passagers lui vouent une sorte de vénération mystique, partagée avec les naturalistes. Tous veulent aller voir de près la maison de Nicolas, la prendre en photo, en respirer l’atmosphère. Surprenant. Pour nous qui ne connaissons pas Nicolas, ne l’avons jamais croisé ni même vu à la TV, cet engouement est inexplicable, alors nous ferons notre visite en liberté. Comme d’habitude…

A l’approche de Kullorsuaq l’environnement vire au monochrome

Nous arrivons à Kullorsuaq (on prononce “chouch-lor-suark”) vers 8h.

Le ciel est gris, froid, sombre : une nouvelle facette du Groenland. Une facette qui ne donne pas vraiment envie d’y vivre, il faut bien le reconnaitre. Les naturalistes vont préparer le débarquement des passagers et rendre visite à quelques figures locales bien connues : hier soir nous avons assisté à la projection du film “Le voyage au Groenland”, tourné ici, et qui met en scène deux jeunes français qui viennent rendre visite aux amis groenlandais du père de l’un d’eux. Le père est un avatar de Nicolas Dubreuil, mais les deux groenlandais, Ole et Adam, existent bel et bien : nous allons les rencontrer. Il faut auparavant préparer le débarquement…

8h : il est temps d’aller dire bonjour aux amis groenlandais !
Les navettes des Zodiacs peuvent commencer, dans ce paysage hors du monde

Comme pour chaque débarquement à même la roche, des serviettes de toilette ont été posées au sol pour nous éviter de glisser. La prudence veut que l’on soit attentif malgré tout.

Le plafond est bas, il fait froid, il n’y a plus d’horizon…

Une petite partie des 400 habitants de Kullorsuaq est venue à notre rencontre. Ole et Adam, les “héros” des deux films que nous avons vu hier et avant-hier, nous attendent, souriants. C’est l’heure de la photo souvenir, inévitable ! Première rencontre avec un acteur de cinéma en chair et en os, en quelque-sorte !

Ole et moi, sous un bref rayon de soleil

Le mélange des passagers et des habitants est très curieux : on ne sait pas vraiment qui est est le plus curieux, qui est l’attraction du jour.

Nous entrons dans le village et longeons ses inévitables maisons en bois coloré. Sous le ciel gris et menaçant les couleurs apportent un semblant de gaité très relatif…

En parcourant le village on rencontre les marques d’une vie à la fois contemporaine et hors de nos références habituelles. Un mélange de civilisations, de lieux, d’époques…

Sur les hauteurs du village nous découvrons le stade de foot. Brut. Rugueux. Sauvage, presque. Lors de notre première visite au Groenland en 2009 nous avions pu assister à un match du championnat national, à Qeqertarsuaq. ici, rien de semblable, juste la preuve que même au Groenland les loisirs sportifs occidentaux sont arrivés…

J’aimerais bien voir nos “vedettes” occidentales jouer ici…
Trois générations de poteaux de but, au bout du stade

Un peu partout autour de nous les chiens de traineau aboient énergiquement : c’est l’heure de la nourriture. En fait, c’est même le jour de la semaine où ils sont nourris. Interdiction stricte de les approcher.

Ils ont l’air maigre et en mauvais état mais ce n’est qu’une illusion. Ils perdent juste leur sous-poil d’hiver, ce qui leur donne cette allure misérable. Ce sont des animaux rustiques, solides, parfaitement adaptés au Groenland. Ils sont d’ailleurs interdit d’exportation et de croisement avec d’autres espèces.

Tout en haut de Kullorsuaq le paysage est magnifique, malgré les conditions météo du jour. Où peut-être grâce aux conditions inhospitalières…

La tentation de basculer franchement en noir et blanc est grande…

Encore plus haut sont entreposés les traineaux qui ne servent que l’hiver. C’est là que nous croisons le propriétaire des chiens qui se sont tus depuis quelques minutes. Très “couleur locale”…

En redescendant vers la mer nous passons devant le cimetière. Il faut se souvenir qu’ici, il n’y a pas de terre : les défunts sont recouvertes de pierres. Et il n’y a pas de fleurs : elles sont toutes artificielles…


Peu à peu le plafond descend, le ciel rejoint la mer. Il est temps de rentrer…

Alors, vous avez envie de faire comme Nicolas et de venir vous installer ici ?

Une petite maison, face à la baie ?

Ça fait envie, non ?

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À méditer…

Une fois que l’on a été piqué par la mouche du voyage, il n’existe aucun antidote connu et, en ce qui me concerne, je serai joyeusement infecté jusqu’à la fin de mes jours.

Michael Palin

Mer de Baffin