Randonnée sur Pu’U HuluHulu et Mauna Ulu

Une belle randonnée aujourd’hui, puisque le temps est toujours clément : l’ascension des cratères Pu’U HuluHulu et Mauna Ulu, le long de la chain of craters road.

Pu’U HuluHulu et Mauna Ulu

Nous y allons en milieu de matinée, le temps que le ciel se dégage et que nous allions une nouvelle fois utiliser les services de la laverie automatique de Volcano Village.

Sur le parking un couple de nēnē broute l’herbe paisiblement, sans se soucier de nous.

Un couple de nēnē sur le parking
Un couple de nēnē qui nous ignore royalement !

C’est un bon présage et nous commençons la randonnée le long du sentier ombragé qui mène au somment du Pu’U HuluHulu. Ce nom signifie littéralement « colline chevelue » ou « colline broussailleuse ». C’est un cratère vieux de plusieurs siècles, entièrement recouvert par la forêt. Y compris dans le cratère lui-même. D’ici, on est à mi-chemin entre le cratère actif principal du Kilauea, le Halema’Uma’U, et son cratère secondaire en éruption permanente depuis 1983, le Pu’U O’o.

Le sentier ombragé qui mène au Pu'U HuluHulu
Le sentier ombragé qui mène au Pu’U HuluHulu
Le fond du cratère du Pu'U HuluHulu
Le fond du cratère du Pu’U HuluHulu est rempli d’arbres et de buissons
Au sud-est du Pu'U HuluHulu on aperçoit le Puʻu ʻŌʻō
Au sud-est du Pu’U HuluHulu on aperçoit le Puʻu ʻŌʻō et ses fumées
Puʻu ʻŌʻō, en éruption depuis 1983
Puʻu ʻŌʻō, en éruption depuis 1983, est à moins de 10km de là…

L’ascension est facile et rapide, et après avoir bien admiré le paysage nous redescendons en direction du Mauna Ulu tout proche.

Là, le paysage change profondément : nous sommes sur des coulées de lave qui ont une quarantaine d’années, et la végétation ne s’est pas encore implantée, hormis quelques fougères ou des pieds de jeunes pousses de ʻōhiʻa.

Le Pu'u Huluhulu à partir du sentier vers le Mauna Ulu
Le Pu’u Huluhulu à partir du sentier vers le Mauna Ulu. On quitte un environnement verdoyant pour une surface rocheuse et chaotique
Les petites pousses de ʻōhiʻa au sen des coulées de lave solidifiées
Les petites pousses de ʻōhiʻa au sen des coulées de lave solidifiées
Les fougères tentent de s'implanter dans les anfractuosités de la roche
Les fougères tentent de s’implanter dans les anfractuosités de la roche
Le paysage inhospitalier entre Pu'U Huluhulu et Mauna Ulu
Le paysage inhospitalier entre Pu’U Huluhulu, à gauche, et Mauna Ulu à droite
La roche fragmentée présente des reflets métalliques surprenants
La roche fragmentée présente des reflets métalliques surprenants et multicolores.

La surface du sol est orangée, manifestation de la forte concentration en oxyde de fer. En gros, on peut dire que l’on marche sur un sol rouillé !

La couleur du sol : orange de rouille !
La couleur du sol : orange de rouille !

L’ascension n’est pas très difficile une fois encore : nous marchons sur une surface relativement lisse, constituée de nombreux et volumineux tunnels de lave. Ils sont parfois en partie éventrés, et il faut être prudent pour éviter une chute ou prévenir un effondrement toujours possible.

Marcher sur un tunnel de lave est risqué
Marcher sur un tunnel de lave est risqué : c’est de la roche solide mais il peut s’effondrer à tout moment…

Le sommet est impressionnant : on voit très nettement que les bords s’effondrent régulièrement et qu’il est très imprudent de s’en approcher. Une chute dans le cratère et c’est la mort assurée et de grosses difficultés pour aller récupérer le corps !

Le cratère du Mauna Ulu
Le cratère du Mauna Ulu aux bords fissurés qui ne demandent qu’à s’effondrer à la moindre secousse sismique.

Une observatrice près du rebord du cratère
Pas question de s’approcher plus près !
L'intérieur du cratère du Mauna Ulu
L’intérieur du cratère du Mauna Ulu est un amoncellement de roches et de jeunes arbustes
Les couches de lave empilées
Quand on regarde l’intérieur du cratère on remarque les nombreuses couches de lave empilées
L'orifice d'un tunnel de lave
Sur les parois on remarque bien les orifices des tunnels par lesquels s’écoulait la lave en fusion

Nous passons encore une fois un long moment à admirer le paysage, même s’il est minéral et dévasté. Une bouche de vapeur qui souffle à quelques mètres nous rappelle que s’il est endormi, ce cratère se trouve au-dessus d’un volcan actif…

Une bouche de vapeur
Une bouche de vapeur nous rappelle que le volcan sur lequel nous randonnons n’est qu’endormi…

Marcher sur les énormes tunnels de lave est une pratique bien particulière, qui devient délicate quand on a compris que la fine couche de roche de la surface (moins de 2 cm) a tendance à se décomposer ou à s’en détacher par plaques. À chaque instant le sol semble se dérober sous nos pieds ou émet des bruits étranges, allant des petits gâteaux secs qu’on écrase au bruit sourd d’une canalisation creuse et fêlée…

Marcher sur un tunnel de lave
Marcher sur un tunnel de lave implique de franchir les espaces qui les séparent, avec précaution
La surface craquelée des tunnels de lave
La surface craquelée des tunnels de lave : les petites plaques se fragmentent et se détachent sous nos pas.

Bref, la redescente se fera avec beaucoup de précautions : le risque est minime mais nous sommes bien isolés du monde.


En face de nous, le Pu’U HuluHulu a pris de belles couleurs, mises en valeur par le ciel qui s’est bien couvert en direction du Kilauea.

Un dernier rayon de soleil sur Pu'U Huluhulu
Un dernier rayon de soleil sur Pu’U Huluhulu. La pluie ne tardera pas…
Une nene paisblement couchée sur l'herbe
A notre retour, les nēnēs sont toujours là, paisibles, à nous regarder ranger nos affaires…

Nous allons déjeuner dans un restaurant du village et nous revenons ensuite pour terminer notre séjour ici par deux petits sites.

Sulfur banks

Sulfur banks, dans le parc des volcans d'Hawaii
Sulfur banks, dans le parc des volcans d’Hawaii

Le premier est un champ d’émanation de gaz sulfureux. Ces fumeroles ressemblent aux évents de vapeur que l’on trouve à quelques dizaines de mètres de là, mais leur origine est très différente. Les sorties de vapeur proviennent de l’infiltration de la pluie dans la roche volcanique. Elle y est chauffée et portée à ébullition par la lave toute proche, et ressort sous forme de vapeur blanche et sous pression.

Les fumées sulfureuses sont des émanations des gaz contenus dans la roche volcanique en fusion, qui s’en échappent lorsqu’elle est à proximité du sol. La proximité étant ici toute relative, ça va de soi.

Vapeur ou gaz sulfureux ?
Vapeur ou gaz sulfureux ? En fait, un peu de vapeur et beaucoup de souffre !
Les dépôts de souffre, d'un jaune vif
Les dépôts de souffre, d’un jaune vif, sont la preuve que ces fumeroles ne sont pas de la vapeur d’eau. L’odeur en est caractéristique également…

Lava tree molds

Nous terminons la journée sur un petit site à l’extérieur du parc : nous allons observer les lava tree molds, les trous dans le sol de lave. Et nous avons enfin l’explication à nos colonnes minérales d’hier : l’origine est la même.

Quand une coulée de lave fluide et très chaude se répand assez vite en traversant une forêt, les arbres sont noyés dans ce flot de roche en fusion. La lave se refroidit localement au contact des arbres et durcit peu à peu. L’arbre se consume intégralement sous l’effet de la chaleur infernale, formant ainsi une colonne creuse de lave durcie au sein de la coulée fluide.

Là, deux situations peuvent se produire.

  • Si la pente est assez forte, et la lave assez fluide, son niveau finira par baisser, laissant sur place les colonnes formées en son sein. Parfois les restes d’un arbre carbonisé sont apparents.
  • Mais si a pente est trop faible, ou la lave trop visqueuse, elle finit par se solidifier en épaisseur. Les colonnes formées autour des arbres sont noyées dans la roche, ne laissant apparaître qu’un orifice profond, au raz du nouveau sol.

Les lava tree molds sont donc des sculptures de lave moulées autour des arbres disparus. Une sorte de cimetière minéral…

Un tree mold, vestige d'un arbre calciné
Les tree molds sont ici totalement intégrés à la coulée de lave.
La vie reprend dans ces orifices abrités
La vie reprend dans ces orifices abrités
Un arbre pousse sur la mémoire de son ancêtre
Un arbre pousse sur la mémoire de son ancêtre

Demain, c’est le départ pour Kauai. Alors nous allons une toute dernière fois rendre visite au Halema’Uma’U, sur le parvis du musée Jaggar pour dire nos adieux à Pélé.

Les belles lueurs oranges du lac de lave
Les belles lueurs oranges du lac de lave
Bye-bye, Big Island, et merci !
Bye-bye, Big Island, et merci !

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