Une belle randonnée aujourd’hui, puisque le temps est toujours clément : l’ascension des cratères Pu’U HuluHulu et Mauna Ulu, le long de la chain of craters road.
Pu’U HuluHulu et Mauna Ulu
Nous y allons en milieu de matinée, le temps que le ciel se dégage et que nous allions une nouvelle fois utiliser les services de la laverie automatique de Volcano Village.
Sur le parking un couple de nēnē broute l’herbe paisiblement, sans se soucier de nous.
C’est un bon présage et nous commençons la randonnée le long du sentier ombragé qui mène au somment du Pu’U HuluHulu. Ce nom signifie littéralement « colline chevelue » ou « colline broussailleuse ». C’est un cratère vieux de plusieurs siècles, entièrement recouvert par la forêt. Y compris dans le cratère lui-même. D’ici, on est à mi-chemin entre le cratère actif principal du Kilauea, le Halema’Uma’U, et son cratère secondaire en éruption permanente depuis 1983, le Pu’U O’o.
L’ascension est facile et rapide, et après avoir bien admiré le paysage nous redescendons en direction du Mauna Ulu tout proche.
Là, le paysage change profondément : nous sommes sur des coulées de lave qui ont une quarantaine d’années, et la végétation ne s’est pas encore implantée, hormis quelques fougères ou des pieds de jeunes pousses de ʻōhiʻa.
La surface du sol est orangée, manifestation de la forte concentration en oxyde de fer. En gros, on peut dire que l’on marche sur un sol rouillé !
L’ascension n’est pas très difficile une fois encore : nous marchons sur une surface relativement lisse, constituée de nombreux et volumineux tunnels de lave. Ils sont parfois en partie éventrés, et il faut être prudent pour éviter une chute ou prévenir un effondrement toujours possible.
Le sommet est impressionnant : on voit très nettement que les bords s’effondrent régulièrement et qu’il est très imprudent de s’en approcher. Une chute dans le cratère et c’est la mort assurée et de grosses difficultés pour aller récupérer le corps !
Nous passons encore une fois un long moment à admirer le paysage, même s’il est minéral et dévasté. Une bouche de vapeur qui souffle à quelques mètres nous rappelle que s’il est endormi, ce cratère se trouve au-dessus d’un volcan actif…
Marcher sur les énormes tunnels de lave est une pratique bien particulière, qui devient délicate quand on a compris que la fine couche de roche de la surface (moins de 2 cm) a tendance à se décomposer ou à s’en détacher par plaques. À chaque instant le sol semble se dérober sous nos pieds ou émet des bruits étranges, allant des petits gâteaux secs qu’on écrase au bruit sourd d’une canalisation creuse et fêlée…
Bref, la redescente se fera avec beaucoup de précautions : le risque est minime mais nous sommes bien isolés du monde.
En face de nous, le Pu’U HuluHulu a pris de belles couleurs, mises en valeur par le ciel qui s’est bien couvert en direction du Kilauea.
Nous allons déjeuner dans un restaurant du village et nous revenons ensuite pour terminer notre séjour ici par deux petits sites.
Sulfur banks
Le premier est un champ d’émanation de gaz sulfureux. Ces fumeroles ressemblent aux évents de vapeur que l’on trouve à quelques dizaines de mètres de là, mais leur origine est très différente. Les sorties de vapeur proviennent de l’infiltration de la pluie dans la roche volcanique. Elle y est chauffée et portée à ébullition par la lave toute proche, et ressort sous forme de vapeur blanche et sous pression.
Les fumées sulfureuses sont des émanations des gaz contenus dans la roche volcanique en fusion, qui s’en échappent lorsqu’elle est à proximité du sol. La proximité étant ici toute relative, ça va de soi.
Lava tree molds
Nous terminons la journée sur un petit site à l’extérieur du parc : nous allons observer les lava tree molds, les trous dans le sol de lave. Et nous avons enfin l’explication à nos colonnes minérales d’hier : l’origine est la même.
Quand une coulée de lave fluide et très chaude se répand assez vite en traversant une forêt, les arbres sont noyés dans ce flot de roche en fusion. La lave se refroidit localement au contact des arbres et durcit peu à peu. L’arbre se consume intégralement sous l’effet de la chaleur infernale, formant ainsi une colonne creuse de lave durcie au sein de la coulée fluide.
Là, deux situations peuvent se produire.
- Si la pente est assez forte, et la lave assez fluide, son niveau finira par baisser, laissant sur place les colonnes formées en son sein. Parfois les restes d’un arbre carbonisé sont apparents.
- Mais si a pente est trop faible, ou la lave trop visqueuse, elle finit par se solidifier en épaisseur. Les colonnes formées autour des arbres sont noyées dans la roche, ne laissant apparaître qu’un orifice profond, au raz du nouveau sol.
Les lava tree molds sont donc des sculptures de lave moulées autour des arbres disparus. Une sorte de cimetière minéral…
Demain, c’est le départ pour Kauai. Alors nous allons une toute dernière fois rendre visite au Halema’Uma’U, sur le parvis du musée Jaggar pour dire nos adieux à Pélé.