14 août 2017
Après une nuit et une matinée de navigation nous arrivons à Aapilattoq…
Aapilattoq est un minuscule village de moins de 200 habitants, situé au sud de l’archipel d’Upernavik. Ce petit village fait partie de la commune de Qaasuitsup. Celle-ci est la plus grande commune du monde : elle fait environ 660.000 km2, soit 20.000 de plus que la France métropolitaine et ses département et territoires d”outre-mer ! Il est ravitaillé essentiellement par hélicoptère à partir d’Upernavik, à une vingtaine de kilomètres de là.
L’approche du village se fait aux alentours de midi, sous un ciel dégagé et par un froid relatif. le Boréal se fraye lentement un passage parmi les blocs de glace épars, tout en évitant les icebergs toujours présents. Pas un brin d’air dehors, pas une risée sur la mer : elle est lisse comme un miroir qui renvoie la couleur gris bleu du ciel dans une lumière surréaliste…
Il faudra presque deux heures au Boréal pour franchir les derniers kilomètres.
Le village, à l’instar de tous les autres au Groenland, est constitué de petites maisons en bois multicolores. Elles sont posées à même la roche, sans réelle logique apparente quant à leur implantation. Les couleurs donnent au village une apparence attrayante : ce serait oublier la rudesse des conditions de vie ici.
C’est sur les zodiacs du Boréal que nous allons débarquer, groupe après groupe. Nous posons le pied sur le granit recouvert de serviettes (pour ne pas glisser) vers 15h. Nous allons rester presque deux heure à découvrir cette petite communauté.
Que dire de la visite d’un village groenlandais comme Aapilattok ? Les impressions sont nombreuses, personnelles.
Les petites maisons en couleur, pour commencer. Anciennement, lors de la colonisation danoise, les couleurs avaient une signification : en rouge les bâtiments commerciaux, en bleu les usines de poisson et les habitations des pêcheurs, en jaune les hôpitaux et personnels soignants, etc. L’usage se perd mais les maisons sont toujours colorées, rendant cette contrée très étonnante.
L’autre point que l’on remarque est l’absence de rue, de plan d’urbanisme : si une rue est utile pour déplacer les matériaux de construction, elle est aménagée à même la roche, sous forme de sentier. D’ailleurs, aujourd’hui, un tractopelle transporte une série de planches et de matériaux de construction : une nouvelle maison ou un nouveau hangar est en préparation sur le haut du village. Étonnamment cette portion de rue est bordée par une vraie glissière de sécurité : la civilisation et sa sécurité administrative est déjà bien présente…
Tous les matériaux sont importés, y compris les sacs de sable pour tourner du béton.
Nous le savions déjà, pour l’avoir vu il y a quelques années au cours d’une précédente croisière, la gestion des déchets est très inhabituelle ici. Pas de terre pour ensevelir les détritus. pas de garagiste pour réparer les moteurs des bateaux ou des motoneiges. Pas de décharge pour dissimuler les vieilles boites de conserve ou les sacs poubelle. Alors on jette tout simplement dehors, et on laisse les appareils en panne là où ils sont. Plus de 8 mois de l’année le sol est recouvert de neige. Seuls des touristes peu informés et rapides à juger les autres peuvent trouver ça choquant. il faut faire avec…
Les habitants vivent de la chasse et de la pêche. On en trouve les traces un peu partout, du bord de mer au bout du village, le long des maisons…
Par beau temps, quand on n’y passe que quelques heures, l’environnement est splendide, sauvage, presque agréable.
Ici, les chiens de traineau ne sont pas des animaux familiers mais bien des outils de travail. Leur vie est dure, courte. Il ne faut pas les approcher, mais les chiots sont si mignons…
200 habitants et quelques moyens de transport occidentaux improbables, d’un usage très restreint ici, faute de routes ou de sentiers à parcourir. Peut-être pour la chasse ?
Cette courte journée (deux heures à terre) à Aapilattoq nous fait prendre de plain pied dans le Groenland le plus sauvage. Quand on se souvient que le pays n’est habité que par un peu moins de 60.000 personnes, on se sent bien au bout du monde…