Quand on vient à Kauai, ce n’est jamais par hasard. Et très souvent, c’est pour parcourir les 18 kilomètres (aller) de la très célèbre Kalalau Trail, l’une des randonnées les plus célèbres du monde. Mais quand on n’a pas le niveau pour cette randonnée vertigineuse, on peut choisir d’aller à la cascade de Hanakapiai, après être passé par la plage éponyme. Ce sont seulement 12 kilomètres (aller-retour) qu’il faudra parcourir, mais la randonnée vaut le déplacement.
Jusqu’à la plage, par le début de la Kalalau trail
La randonnée est très fréquentée, nous décidons de partir tôt : dès 7h du matin nous sommes au départ de la piste, et il y a déjà quelques voitures sur le parking. En haute saison, l’été, la fréquentation de la randonnée est très élevée, du moins jusqu’à la plage puis la cascade de Hanakapiai. La poursuite sur la Kalalau Trail est autorisée après obtention d’un permis (20$ par personne) qui en limite la foule : seules 60 places de camping sont disponibles à l’arrivée !
Le chemin est rocailleux, parfois abrupt, quelquefois aménagé en larges marches. Le marqueur du premier “mile” (1,6 km) parcouru nous fait comprendre qu’il reste encore du chemin jusqu’à la plage, mais nous avons un bon rythme.
Les premiers kilomètres de la randonnée empruntent donc le tracé de la Kalalau trail, sur les flancs nord de la Napali coast. Le sentier est bien entretenu, et il franchit quelques crêtes jusqu’à 170 m d’altitude avant de redescendre vers la plage. Le paysage et somptueux, comme d’habitude, et la vue sur la Napali coast nous ferait presque regretter de ne pas nous lancer sur la Kalalau trail jusqu’au bout. Une prochaine fois, très certainement…
Peu avant l’arrivée à la plage nous croisons la petite rivière Hanakapi’ai, qu’il va nous falloir traverser. Deux techniques peuvent être employées à cet effet.
On peut passer à pieds secs de rocher en rocher. Qui parfois peuvent être un peu éloignés les uns des autres, et ont tendance à être glissants.
On peut aussi passer les pieds dans l’eau et marcher sur les graviers du fond du ruisseau. Plus facile à faire, mais on se retrouve alors avec les pieds trempés pour la suite de la randonnée. Et au passage, des traversées de gué, il y en a plusieurs en remontant vers la cascade.
L’expérience montre rapidement que le choix optimal est de passer les pieds dans l’eau : moins de chance de tomber !
Deux versions de la traversée en surface, pas vraiment concluantes :
La plage de Hanakapi’ai est l’une des plages les plus dangereuses de Kauai. On y déplore de nombreuses noyades, et même si l’océan semble très calme aujourd’hui ses courants sortants peuvent faire perdre leurs moyens aux meilleurs nageurs. En hiver les vagues qui déferlent ici défient toute possibilité de baignade, mais l’imprudence existe toujours, et se paie au prix fort.
Un exemple de l’état de la mer en hiver, sur Hanakapi’ai beach ! Baignade plus que risquée. Mais même quand le temps est clément comme c’était le cas lors de notre visite, les courants restent dangereux… |
3km de plus jusqu’à la cascade de Hanakapiai
La remontée vers la cascade n’est pas particulièrement difficile, mais elle conduit à traverser la rivière plusieurs fois. Il faut donc toujours prêter attention au niveau de l’eau car les risques d’inondation flash sont réels. Une inondation flash est un phénomène qui est induit par de fortes pluies, des orages, qui ont lieu bien plus haut dans les hauteurs de l’île. Le volume d’eau drainé par ces petites rivières peut augmenter très fortement en quelques minutes seulement. La couleur de la rivière commence par se troubler, puis le bruit augmente un peu, le niveau d’eau monde : il est plus que temps de se réfugier quelques mètres en hauteur. Quitte à s’engager dans la forêt. Il y a régulièrement des morts lorsque les touristes imprudents veulent coûte que coûte traverser au début de l’inondation flash ! C’est ainsi qu’en 2013 on a pu déplorer une noyade et une douzaine de randonneurs bloqués toute une nuit sur le trajet…
La vallée de la Hanakapiai a été cultivée pendant longtemps par les natifs hawaiens , qui y plantaient le taro, la base de l’alimentation traditionnelle. L’aménagement initial du sentier est dû à cette exploitation agricole, aujourd’hui abandonnée.
La cascade fait plus de 90m de haut et tombe sur un bassin dans lequel il fait bon se baigner après ces heures de randonnée dans la chaleur moite de Kauai. L’eau est fraîche. Presque froide. D’ordinaire ce sont des dizaines de personnes qui se retrouvent ici chaque jour, dans l’eau et autour du bassin. C’est un bon endroit pour le pique-nique de mi-journée. Curieusement, aujourd’hui, nous sommes peu nombreux : c’est d’autant plus agréable, tant pour la randonnée elle-même que pour le calme qui règne ici.
Sur le retour
La redescente dans la forêt est toujours plus facile que la montée. Maintenant que nous savons que le mieux est de traverser les gués les pieds dans l’eau nous sommes plus sereins. Et en définitive, les Speedcross 4 de Salomon sont idéales pour ce genre d’exercice. Nous passons dans des forêts de bambous géants, sous de nombreux goyaviers : le plaisir de ces forêts tropicales est toujours bien présent.
Les derniers kilomètres de la randonnée nous font à nouveau remonter à partir de la plage, puis redescendre vers le parking, et direction de Ke’e beach, au-dessus de laquelle un hélicoptère mène un curieux manège.
Le secret de cette journée…
En arrivant à la plage nous croisons deux personnes qui nous demandent s’il reste du monde sur le sentier. Ce sont des bénévoles du parc qui nous expliquent qu’il y a un incendie à proximité du parking, et que d’ici un peu plus d’une heure les voitures qui s’y trouvent seront évacuées, par sécurité. Nous signalons qu’il ne reste probablement qu’une dizaine de personnes tout au plus, et expliquons que nous avons d’ailleurs été surpris de ne croiser que peu de monde aujourd’hui.
“La Kalalau trail et tout le parc sont fermés depuis 8h ce matin !” nous expliquent-ils. A peine 30 minutes après que nous soyons partis ! Voilà donc pourquoi cette randonnée était si paisible aujourd’hui. Une réelle chance pour nous, mais quelle malchance pour celles et ceux qui viennent de l’autre bout du monde pour la Kalalau Trail, et qui la trouvent fermée. Tous n’auront pas la possibilité de reporter leur randonnée durant leur séjour…
Finalement, cette randonnée nous a fait découvrir l’intérieur de la partie verte de Kauai, dans les meilleures conditions : pas de pluie, du soleil mais pas trop, et peu de personnes sur le sentier.