Chain of craters road : du volcan à l’océan

La descente de “chain of craters road”

carte de la La journée est consacrée « chain of craters road », la route qui descend de l’entrée du parc jusqu’au bord de mer. Elle suit une succession d’anciens cratères, de coulées de lave, de fissures et de failles et conduit aux coulées les plus récentes, émises par le Puʻu ʻŌʻō. De là, on peut en principe aller sur le front de lave, à partir de l’ouest de la zone, là où nous l’avions exploré à partir de l’est, au départ de Kalapana, il y a quelques jours. J’ai prévu également une belle randonnée d’une dizaine de kilomètres, pour découvrir le site un peu plus de l’intérieur.

Oui mais voilà, aujourd’hui, il pleut, il fait gris, il fait froid. Je l’ai déjà expliqué : nous sommes à 1200m d’altitude, à la limite de la couverture nuageuse provoquée par l’ascension des alizés à partir de la côte est de l’île. La végétation ici est riche, humide, signe d’une météo souvent pluvieuse.

Bon, nous allons quand même prendre la route, car en descendant sur la côte sud-est nous devrions vite trouver un temps plus clément… Ceci dit, en matière de clémence, seule la pluie cessera presque immédiatement, mais le ciel restera plombé, menaçant. De quoi donner un style particulier aux photos…

A partir de
La vue sur l’océan, à partir du rift est des flancs du Kilauea, un jour de pluie, a quelque-chose qui nous met hors du temps…

Nous n’avons qu’une trentaine de kilomètres à parcourir, et il faut moins d’une heure pour arriver en bas de la route, avec juste quelques arrêts pour faire des photos souvenir : les paysages dévastés rappellent une fois de plus l’Islande, c’est étonnant. Au loin, dans notre dos (mais devant l’appareil quand on la prend en photo), une sorte de falaise que la route a descendu il y a un instant : c’est le signe d’un ancien effondrement massif de tout un pan du volcan, suivant une gigantesque ligne de faille. Ici, quand la nature fait des choses, elle ne les fait pas à moitié !

Au bas de la route nous retrouvons les habituelles installations propres aux parcs américains : toilettes, panneaux indicateurs et de mise en garde. La mise en garde est simple : nous sommes ici sur un massif rocheux rongé par la mer, dont les berges s’effondrent régulièrement, sans prévenir. Ainsi, s’approcher très près de la falaise pour contempler les vagues et tenter de voir, très au loin, la lave tomber dans l’océan est permis, mais dangereux…

Le bout de la route…

La route s’achève au niveau d’une arche rocheuse, signe de cette érosion marine intense et violente. Cette arche va disparaître un de ces jours : elle aura duré quelques années, quelques décennies. À peine un instant à l’échelle géologique. La falaise, battue avec violence par les vagues du Pacifique, est rongée peu à peu…

L'arche de roche volcanique, au pied de
L’énorme épaisseur de lave est rongée par l’océan de jour en jour, sculptant cette éphémère arche noire, appelée à disparaître un jour prochain

De proche en proche on remarque que la végétation, dès qu’elle le peut, s’implante dans cette roche hostile et perméable. C’est toujours une surprise, une découverte un peu magique…

La route est fermée : seuls les piétons et les vélos sont autorisés
Il reste de nombreux kilomètres avant de rejoindre la zone de l’actuel front de lave. Des précautions sont nécessaires…

La route est fermée à la circulation : celui ou celle qui veut aller sur le front de lave doit y aller à pied ou en vélo. Et c’est loin : j’avais envisagé, avant de venir à Hawai’i, d’aller faire cette randonnée par nous-même. Mais c’est trop loin, dangereux, et le temps maussade ne me fait pas regretter d’avoir abandonné cette folle idée !

Avant 1983 et l’éruption du Puʻu ʻŌʻō la route rejoignait Kalapana, au sud-est de l’île. Il n’y avait pas de front de lave à observer, seuls les paysages et les falaises du bord de mer donnaient son caractère touristique à cette route.

Les pétroglyphes de Pu’u Loa

Du parking nous allons vers un site chargé d’histoire pour les natifs hawaïens : les Pétroglyphes de Puʻu Loa, gravés dans la lave (dans quoi d’autre pourraient-ils avoir été gravés ici, hein ?). Des panneaux nous expliquent de quoi il est question, et nous apprenons que les offrandes et pratiques ancestrales perdurent encore de nos jours.

Deux ou trois choses sont surprenantes quand on y songe.
En premier lieu c’est le caractère très isolé des lieux. Avant l’éruption de 1983, qui dure encore, les coulées de laves n’étaient pas permanentes ni si fréquentes : le sentier côtier parcourant cette partie de l’île était très pratiqué. Aujourd’hui, sur une île « colonisée » et urbanisée de façon contemporaine, ces vestiges des habitudes de vie anciennes sont étonnants. Un peu comme le sentier que nous avons parcouru lors de la randonnée vers Kanaio beach, à Maui.

Le noni, la plante qui soigne tout...
Le noni, la plante qui soigne tout…

Ensuite, la présence de cette plante si familière des îles polynésiennes : le noni. Ici, on dit qu’elle soigne tout.
On la trouve dans les jardins des maisons, sur les tombes des vieux cimetières, et sur des sites chargés d’histoire, comme ici.
L’époque n’est pas celle des fruits mûrs, sinon nous aurions bien été dérangés par leur odeur nauséabonde, rappelant à la fois celle du cadavre et de la pourriture !

La remontée vers le parc de volcans d’Hawaii

Chain of craters road parcoure une série d’anciens cratères secondaires. Sur le retour nous faisons un petit arrêt au point de départ de la randonnée vers le petit cratère Pu’u Huluhulu, que nous n’allons pas faire aujourd’hui, mais que nous irons explorer dans quelques jours. Là encore, le mélange de lave, de roche, de végétation intrépide donne un paysage hors du temps, hors du monde.

Une bulle de lave, à l'échelle humaine
Imaginez ce qui a pu produire cette excroissance de roche : ce n’est pas un gros caillou tombé du ciel, mais ça a bien “poussé” à partir du sol…

Ici, les cailloux présentent des reflets métalliques multicolores, difficiles à saisir sur une photographie, et la roche ressemble à des coulées de caramel ou de chocolat…

Finalement le temps maussade nous poussera à écourter cette journée : un bon repas dans un restaurant local, et l’après-midi consacrée au repos, au rattrapage de quelques articles du blog, à l’archivage des photographies de ces derniers jours, à la lecture.

Le soir nous retournerons sur le parvis du musée Jaggar pour aller voir les lueurs oranges du cratère du Kilauea. Puis nous rentrerons nous mettre au sec et au chaud à l’appartement ! Demain, on part vers le sud découvrir cette fameuse plage de sable vert…

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À méditer…

Rien ne développe l’intelligence comme les voyages.

Emile Zola